THOMAS BAVEREL

FONDATEUR, SILKHOM

Entre les cadors du JavaScript et les virtuoses du cryptage, entre les fins connaisseurs du hardware et ceux qui ne maîtrisent pas les arcanes du binaire, Thomas Baverel se plaît à construire des passerelles. Son cabinet de recrutement Silkhom traduit des besoins informatiques dans un langage plus universel : « Tout le monde visualise à quoi un poste de commercial correspond. Pour cibler des profils d’ingénieurs DevOps ou de développeurs Full Stack, c’est tout de suite un peu plus compliqué ! » Lancé sur ce créneau dans la région rhônalpine, Thomas s’est surtout épris des potentialités offertes par l’entrepreneuriat. En plus de s’étendre à l’ensemble de la France, son activité embrasse désormais autant le salariat que les missions freelance.

Déterminé à voir loin pour tracer sa trajectoire, le minot a d’abord quitté un quartier populaire de Besançon pour un DUT en technique de commercialisation à Colmar. Souhaitant bifurquer en management du sport, il forcera l’entrée d’un Master à Nancy avec un « dossier long comme le bras », puis traversera la Manche pour fignoler son anglais lors d’une « parenthèse enchantée » – « le doyen de la faculté m’a fixé avec étonnement car personne en STAPS n’avait encore demandé à partir en Erasmus ! » En insistant pour faire son stage de fin d’études exclusivement dans le groupe Club Med, Thomas a su prouver, dans la durée, que tout vient à point à qui sait endurer : « Quand on me dit “non”, cela me provoque la poussée inverse ! Bien sûr, il y a une question de chance et de timing, mais c’est vrai que je n’hésite pas à montrer les crocs ! » Le jeune homme vivra d’ailleurs sa période « Loup de Wall Street » dans un cabinet de recrutement spécialisé en informatique. Un hasard initial qui l’embarque dans un rush d’adrénaline au cœur de la capitale, où les coups de fil se passent pratiquement sous la table pour s’isoler de l’ardeur des autres collaborateurs, où chacun porte le costard cravate sans recevoir le moindre client, où le PDG américain débarque avec son Hummer Limousine et emmène le Frenchy à Las Vegas, en récompense de ses performances : « C’était n’importe quoi, mais c’était fabuleux ! » Bombardé manager d’une filiale en difficulté puis consolidant ses acquis chez une référence de l’ingénierie, Thomas pilote de grands comptes, et se développe dans la prestation de services. Grâce à cette « nouvelle corde » à son arc, il touche du doigt l’opportunité de son futur projet entrepreneurial, en acceptant de créer une entité lyonnaise pour son premier employeur. Il engagera un an et demi de préparation avant qu’on ne lui coupe les fonds. Mais puisqu’il a réuni tous les fondamentaux, l’obstiné n’a plus qu’à réinterroger sa destinée. L’année 2013 lui fera connaître les mois à sec ; il bûchera Silkhom dans son salon ; codera son premier web avec son paternel ; signera son premier contrat. Très vite, l’une des trois plus fortes croissances du secteur au niveau national met à l’étroit cette pépite. Le fondateur déménage de ses locaux « qui claquent » pour plus spacieux, avec des étoiles dans les yeux : « On arrive et les collaborateurs s’aperçoivent qu’à nous quinze, on occupe à peine un quart de la surface. Six mois plus tard, on était complets ! » Et quand des clients d’industries ultra-spécialisées requièrent le flair de ses talents, Thomas ne se résout pas à diluer leur expertise – pas plus qu’il ne renonce à son esprit de débrouillardise : « Je me lève un matin en me disant “il y a un truc à faire sur ce marché !”, alors, tout de suite, je fonce voir mon responsable communication. En trois jours, on avait créé la marque BlueDocker ; en trois mois, on avait lancé le projet ! J’ai de la chance d’avoir des équipes géniales qui me suivent dans chacun de mes élans, et qui impulsent aussi leurs propres envies ! »

Le Thomas de l’époque, qui rougissait chaque fois qu’il fallait prendre la parole, n’a plus « les oreilles qui gonflent » lorsqu’on le sollicite pour dispenser des conseils stratégiques. Parrain de promotion LYVE et business angel à ses heures, il dévale les pentes de la Croix-Rousse sur son vélo en bambou pour démystifier l’aura des entrepreneurs : « Je suis toujours étonné quand on me demande les erreurs à ne pas commettre. Je trouve qu’au contraire, il faut les commettre ! Des communautés comme le Cercle Pépites permettent justement de relativiser, et de sauter dans le vide, avec un parachute ! » Malgré les benchmarks, les plans d’actions commerciales et les analyses chiffrées, Thomas mesure son accomplissement bien au-delà des bilans, de la structuration, du management et de ses transitions ; il tient avant tout à la transmission. En plus de fonder une école interne qui permet de se former aux expertises de l’IT, le dirigeant savoure les initiatives de ses équipes qui prennent leur autonomie avec la start-up interne Upway.io. Il partage avec ses fils quelques morceaux de guitare, qu’ils accompagnent avec cordes et batteries : « Je viens d’une famille où l’on fait beaucoup de banquets musicaux ; mon premier instrument a été l’accordéon ! Il a le don de faire danser toutes les générations. » Des générations qui, comme lui, ne s’en laissent pas conter, à commencer par son grand-père fromager dans le Jura, qu’il tient en modèle de pugnacité : « Il a pris son baluchon à douze ans, passant de ferme en ferme, prêtant ses bras pour les moissons. Il s’était décidé à devenir artisan, et a fini par obtenir son diplôme ! » Vice-président du club de natation à Caluire, triathlète en devenir, l’entrepreneur avale lui aussi les kilomètres à la conquête de ses objectifs, qu’il faille crawler, pédaler ou courir, qu’il faille pousser seul ou la jouer collectif. Et s’il perdait un moment la route à suivre, il pourrait se fier à celle qu’il a rencontré au détour d’un covoiturage, celle avec qui, depuis, il partage : « Mon épouse est ma boussole personnelle ; sans sa patience et son écoute, je n’en serais pas là. » Lorsqu’il boutonne sa chemise, lorsqu’il lace ses chaussures de sport, Thomas ne poursuit pas les honneurs, mais les promesses qu’il s’est faites : rester ce jusqu’au-boutiste qui refuse l’immobilisme.

portrait thomas baverel

Entreprendre ?

C’est se sentir utile à soi-même, à sa famille, à ses collaborateurs. C’est pour moi une intensité, une vocation – ce n’est pas fait pour tout le monde, et ce n’est en rien l’aboutissement ultime que l’on présente parfois dans les médias. Il faut être un peu fonceur, c’est comme une étape du Tour de France qui n’aurait pas d’arrivée. On grimpe longtemps pour une descente magnifique, et ensuite, on remonte !

Alexandre Rocco

Baptiste Privé

Benjamin Kohen

Damien Fauve

DAMIEN FAUVE

Louis Veyret

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Marion Guichard

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Pascal Charrier

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Sacha Stojanovic

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